Contactez-nous

Qualité environnementale des infrastructures souterraines : réflexions et actions en cours

Article rédigé par Hanane ELHAYEK – CERTIVEA, Christophe GERARD – CERTIVEA, Youssef DIAB – Université Gustave Eiffel – paru dans la revue TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN – N° 287 – Janvier/Février/Mars 2024

Les préoccupations environnementales concernant les structures de génie civil (bâtiments et infrastructures) sont récentes par rapport à l’ancienneté du domaine. Les études d’impact sur l’environnement, créées en octobre 1977, excluaient en effet de leur champ d’application l’évaluation environnementale des documents d’urbanisme. Seule une étude d’environnement sommaire était prévue dans l’élaboration des plans d’occupation des sols. Une évolution intéressante est intervenue en avril 1985 pour les opérations de construction importantes, donnant lieu à enquête publique, qui doivent désormais faire l’objet d’une étude d’impact.

En l’absence d’exigences réglementaires précises et détaillées, il s’agit principalement d’améliorer la qualité environnementale des infrastructures par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, tout en prenant en compte les autres exigences (sécurité, usage, durabilité…).

Cette amélioration de la qualité environnementale peut s’appuyer sur un certain nombre d’objectifs environnementaux qui peuvent se traduire par l’utilisation réduite des ressources naturelles, une pollution réduite de l’air, de l’eau et des sols, une production réduite des déchets ultimes, un cycle de vie maîtrisé et une relation globale satisfaisante avec l’environnement.

La protection de l’environnement est aujourd’hui une exigence qui est de plus en plus imposée aux acteurs de la construction. La qualité environnementale d’une infrastructure qu’elle soit aérienne ou souterraine est devenue un critère de qualité supplémentaire. Elle correspond aux caractéristiques de l’infrastructure, de ses composantes, de ses services et de son environnement immédiat et son environnement de service qui lui confèrent l’aptitude à satisfaire aux exigences environnementales voulues aussi bien par la décarbonation que par l’adaptation au changement climatique.

Ces dernières conduisent à une utilisation limitée des ressources, à une réduction de la pollution et à une relation satisfaisante de l’infrastructure avec son environnement immédiat et suivant les différentes échelles spatiales concernées.

Dans cet article, nous traitons des méthodes d’analyse et de certification de la qualité environnementale (QE) des infrastructures.

Découvrez l’article rédigé par Hanane ELHAYEK – CERTIVEA, Christophe GERARD – CERTIVEA, Youssef DIAB – Université Gustave Eiffel – paru dans la revue TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN – N° 287 – Janvier/Février/Mars 2024

Télécharger

L’évaluation environnementale des environnements construits

L’évaluation de la qualité environnementale des environnements construits est théoriquement possible en empruntant la démarche des analyses de cycle
de vie (« ACV »), largement utilisée dans les autres secteurs d’activité. Si l’application des ACV aux matériaux et aux procédés de construction a fait ses preuves, sa généralisation à un ensemble complexe tel qu’un bâtiment entier, une infrastructure aérienne ou souterraine voire à un quartier ou ville paraît complexe d’un point de vue opérationnel, compte tenu du nombre d’objets et d’impacts à considérer. Récemment des approches simplifiées et prometteuses sont proposées comme l’outil Urbanprint du CSTB et Efficacity.
On devra donc réserver les méthodes ACV à l’étude d’un nombre limité d’impacts pour choisir, par exemple, entre plusieurs variantes de conception qui ne concerneraient que quelques éléments bien ciblés. L’intégration des objectifs de qualité environnementale
dans la conception des objets construits est cependant possible grâce à des méthodes d’aide à la décision. Elles peuvent privilégier certaines cibles environnementales correspondant aux exigences de la prescription et peuvent être adaptées aux différentes
phases de conception.

Depuis plus d’une trentaine d’années, des recherches concernant l’analyse de la QE des bâtiments ont été menées dans les pays anglo-saxons. (…)

En France, l’approche Haute Qualité Environnementale (HQE) apparue en 2002, se distingue des autres méthodes par sa richesse conceptuelle qui prend en compte le jeu d’acteurs au même titre que les cibles environnementales.

HQE Infrastructures Durables est un système international de notation des infrastructures écologiques, et un cadre de référence construit autour de quatre engagements : la qualité de vie, le respect de l’environnement, la performance économique et le management responsable. Cette solution se distingue par sa contextualisation et son adaptation aux différents types d’infrastructures. CERTIVEA développe dans la suite une méthode dédiée aux infrastructures et  la décline pour une application aux ouvrages souterrains.

 

HQE Infrastructure Durable : c’est quoi ?

Au sein de la famille HQE Territoire Durable, HQE Infrastructure Durable est la certification attestant qu’une infrastructure répond à l’ensemble des enjeux de la ville durable, et se présente comme la meilleure preuve qu’un projet d’infrastructure est concerté, durable et performant.

Depuis 2010, CERTIVEA et ses partenaires ont compris l’enjeu des infrastructures durables et leur rôle dans la transition, et ont créé un référentiel « route durable » en
partenariat avec le Département du Nord en France, qui a évolué pour devenir depuis 2016 la solution de durabilité pour les infrastructures dans l’ampleur de leur champ d’application.

La certification HQE Infrastructure Durable est aujourd’hui une solution à grande échelle qui s’adresse aux porteurs de projets d’infrastructures publics ou privés.

Plusieurs guides lui permettent de s’adapter à tout type d’infrastructure :

  • Transport de personnes ou de marchandises : transport routier, ferroviaire (train, gare), urbain (bus, tram, métro, parking…), aérien (aéroport…), par bateau (voie fluviale, port…), par câble (téléfériques…),
  • Infrastructures de production, stockage ou transport d’eau ou d’énergie (chaleur, froid, gaz, électricité, énergies renouvelables…), de télécommunications, stations d’épuration, stades…

ÉCHELLE/OBJET : Infrastructure, infrastructure souterraine

SECTEUR : Public et privé

PHASES DE PROJET : Programmation, Conception, Réalisation, Mise en service.

APPROCHE : La certification HQE Infrastructure Durable (HQE-ID) est composée de deux éléments :

  • un Système de Management d’Opération (SMO), répondant aux enjeux de gouvernance du projet : concertation avec les parties prenantes, maîtrise des coûts et des délais… > approche management
  • Des objectifs visant à améliorer les performances sociétales, économiques et environnementales du projet d’aménagement, tout en prenant en compte les spécificités du territoire > approche performancielle

HQE Infrastructures Durables : 4 grandes étapes de certification

La certification HQE Infrastructures durables inclut 4 audits au niveau des 4 phases des projets d’infrastructure : programmation, conception, réalisation, et mise en service.

Sur ces 4 phases, on trouve des exigences spécifiques à chacune, ainsi que 6 exigences récurrentes. L’ensemble de ces exigences sert à accompagner les projets dans leur mise en oeuvre et dans l’intégration du développement durable.

Certification HQE Infrastructures durables : quels bénéfices ?

Depuis février 2024, HQE ID est une certification reconnue par le GRESB, qui peut être trouvée dans la liste déroulante de l’indicateur « Certifications & Awards » dans la composante « Performance » de l’évaluation des actifs d’infrastructure.

De plus, HQE ID contribue à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) fixés par l’Organisation des Nations Unies pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous.

Des guides pratiques

Pour aider les acteurs à implémenter des actions durables impactantes au niveau de leurs projets d’infrastructure, CERTIVEA a copublié, avec la contribution de partenaires, des guides pratiques avec des listes d’indicateurs de durabilité couvrant les 19 thématiques.
Bien que non exhaustifs, ces listes permettent aux acteurs de s’inspirer des indicateurs proposés, et de mieux se situer vis-à-vis de leur contexte territorial.

Nouvelles perspectives pour les ouvrages souterrains

Sous l’égide de l’AFTES (Association Française des tunnels et de l’espace souterrain), des réflexions préliminaires sont en cours pour proposer des approches pertinentes pour l’évaluation de la qualité environnementale des ouvrages souterrains.

Un premier exemple pertinent a été réalisé à Toulouse, sur la ligne C du métro. Ces réflexions en cours feront l’objet de communications dans les années à venir lorsque le groupe de travail en constitution aura produit ses premières réflexions et
résultats. Ces réflexions sont prometteuses et devraient permettre d’apporter un souffle nouveau à la place de l’environnement et du développement durable dans la conception, la réalisation et la vie en oeuvre des infrastructures souterraines